shono-hime.livejournal.com ([identity profile] shono-hime.livejournal.com) wrote in [community profile] fonds_de_tiroir2008-01-02 11:02 pm
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[caer] Fic - Lou, Kirk

Titre
: Une présence
Auteur
: Isil
Fandom
: Caer Verse
Personnages
: Lou et Kirk Saint-James
Rating
: G
Disclaimer
: Ils sont à moi! ♥
Note
: Bon, alors au cas où ce serait pas clair, la fic a été motivée par ma nuit XD J'avais eu l'idée avant, mais avec la crève que j'ai, je ne pouvais que l'écrire aujourd'hui :D

Lou avait froid, et pourtant il transpirait, sous sa couette. Les yeux fermés pour fuir la lumière qui entrait par les volets, il resserra un peu plus les couvertures autour de lui. Il détestait être malade, encore plus pour Noël. Déjà, il avait l’impression de gâcher l’évènement pour le reste de sa famille, et puis ça lui faisait moins de temps à profiter de ses parents et frères et sœurs…

Il déglutit péniblement, la gorge prise, et frissonna. Il avait dormi toute la journée et venait de sortir d’un rêve étrange, pas forcément effrayant, mais oppressant, dont il avait eu du mal à s’extirper. Dans la maison, tout était calme, beaucoup trop calme, comme dans son rêve.

Il se mordit la lèvre inférieure. Il avait exploré les couloirs de la maison dans son rêve, et si elle était ensoleillée, chaleureuse et accueillante comme dans la réalité, l’atmosphère y était beaucoup trop silencieuse et figée. Il s’était réfugié dans la chambre de ses parents, et tout y était comme d’habitude, les petites traces de vies qu’ils laissaient derrière eux… recouvertes d’une couche de poussière qui lui avait serré le cœur.

Il se tourna sur le côté, vaguement irrité. Il avait onze ans, pas trois ! C’était juste un mauvais rêve, même pas un cauchemar ! Et pourtant… qu’est-ce que la maison était silencieuse ! Clignant des yeux pour lutter contre la migraine, il se concentra sur l’extérieur, cherchant à exorciser son rêve. Aucun bruit.

Un peu indistinctement, il se rappela qu’ils avaient prévu de passer la journée chez les grands-parents Hopkins. Il se souvint qu’ils avaient failli ne pas y aller, mais qu’ils s’étaient finalement décidés pour y aller quand Kirk avait choisi de rester pour s’occuper de lui.

Alors pourquoi c’était aussi calme ? Si Kirk était effectivement là, Lou aurait dû entendre des éclats de voix, ou de la musique, ou n’importe quel boucan dont était en général responsable son père…

Il ouvrit les yeux complètement et regarda les rais de lumière que laissaient rentrer les volets, comme pour se calmer un peu, mais ce n’était pas de lumière dont il avait besoin. Il hésita une seconde, toussa puis s’assit péniblement dans son lit quand sa quinte de toux lui sembla résonner trop fort dans la chambre. Il chercha du bout du pied ses pantoufles, enfila la grosse veste en laine que sa mère avait laissé pour lui à côté de lit et se mit debout, s’accrochant au montant le temps que sa tête ne tourne plus.

Lentement, traînant un peu des pieds et se tenant au mur, il quitta sa chambre et s’engagea dans le couloir, en direction du bureau de Kirk. Il se rappelait une histoire d’article à finir, et même s’il s’agissait peut-être d’une excuse pour échapper aux grands-parents Hopkins, c’était également l’endroit où Kirk était le plus susceptible de passer la journée.

Arrivé devant la porte, Lou pencha la tête mais ne perçut aucun bruit à l’intérieur. Il serra les dents, retenant une impression oppressante de déjà-vu, et baissa la poignée.

Sitôt la porte ouverte, le bruit l’assaillit presque violemment. Il y avait de la musique en fond, de ce vieux jazz que Kirk affectionnait tant, et la voix de son père, visiblement au téléphone.

« Mais je l’ai fini, Burton ! C’est pas ma faute si un crétin en haut lieu a décidé que ça ne convenait pas à la ligne éditoriale de ton fichu journal, hein ! » râlait Kirk au téléphone.

Il s’interrompit en apercevant Lou, et fronça les sourcils.

« Donne moi une minute, tu veux ? » lança t’il à son interlocuteur avant de poser le téléphone sans même attendre de réponse.

Lou le regarda se lever avec empressement et s’avancer vers lui.

« Ça ne va pas, bonhomme ? » s’inquiéta t’il en lui passant une main sur le front. Le contact frais fit du bien à Lou, qui secoua faiblement la tête.
« Si, ça va… » croassa t’il avant de tousser.
« Mouais… tu devrais être au lit. » fit remarquer Kirk en remontant le col de sa veste pour lui tenir un peu plus chaud.
« Je… j’arrive pas à dormir. Je peux… »

Il s’interrompit et tira sur les manches de sa veste nerveusement. Il n’était plus un bébé, et pourtant, à cet instant, il aurait adoré se blottir dans les bras de son père en lui demandant de le soigner, de le faire aller bien. Mais il n’en fit rien, par pudeur, par honte, peut-être…

« Lou ? » insista Kirk en s’agenouillant devant lui, ignorant royalement les appels étouffés qui venaient du téléphone.
« Je peux rester un peu avec toi ? » lâcha Lou d’une seule traite, comme Alec lui avait appris à se baigner, en sautant dans l’eau froide d’un coup plutôt que d’hésiter des heures.

Kirk le dévisagea une seconde, visiblement surpris par la demande, et Lou ne put lui en tenir rigueur, vu toutes les fois où il avait rabroué son père, trop entreprenant à son goût. Puis il hocha la tête et doucement, sans parler, il le prit dans ses bras, comme s’il avait encore été un petit garçon, et non pas bientôt un adolescent. Il le souleva sans peine, et Lou laissa machinalement aller sa tête contre l’épaule de son père, épuisé.

Il laissa Kirk retourner au téléphone, et éconduire sans finesse son interlocuteur en lui faisant comprendre que s’il ne voulait pas de l’article, il trouverait sans peine un autre journal intéressé, puis raccrocher avant d’éteindre sa chaîne hifi.

Quand ils quittèrent le bureau, Lou protesta faiblement à l’idée d’être remis au lit, tout seul dans sa chambre trop calme.

« Je ne veux pas retourner au lit, j’ai pas sommeil, » souffla t’il sans conviction.
« Tu peux me redire ça trois fois sans bailler ? » le taquina Kirk en lui passant une main dans le dos pour le rassurer.

Ils n’allaient pas vers sa chambre, en effet. Lou regarda le couloir défiler sous ses yeux, et réalisa que Kirk l’emmenait vers sa chambre à lui. Ce n’était pas beaucoup mieux, mais peut-être qu’il allait rester avec lui, au moins un peu ?

Il ouvrit la porte d’un coup de pied qui aurait fait enrager Jade, et alla délicatement déposer Lou sur le lit, après en avoir repoussé les couvertures. Il l’installa confortablement sous la couette, et l’appuya contre l’oreiller de Jade, qui sentait bon comme elle. Lou ferma un peu les yeux avec un soupir, rassuré par cette odeur familière. Il sentit Kirk le border plus soigneusement, puis s’installer à côté de lui, assis contre la tête du lit.

Il rouvrit prudemment un œil, croisa le regard un peu perplexe de son père. Puis Kirk sembla prendre une décision, car il hocha la tête et se mit à parler.

« Tu devineras jamais ce que m’ont fait ces andouilles du Pilot m’ont encore fait ! » lança t’il. « Soit disant que mon article sur la dernière adaptation post-moderne de ‘L’importance d’être Constant’, tu sais, celui que je suis allé voir la semaine dernière avec ton père, et bien soit disant qu’il n’est pas publiable ! Qu’est-ce qu’il faut pas entendre ! »
« Pourquoi ? » intervint Lou, vaguement curieux. Il ne connaissait pas plus que ça le boulot de son père, mis à part qu’il n’avait jamais eu le moindre problème à être publié.
« Parce que figure toi qu’un des producteurs de ce navet a des actions au Virginian Pilot, voilà pourquoi ! Mais je m’en fiche, hein ! Je trouverai à être publié ailleurs, je ne vais pas me mettre à écrire du politiquement correct, je ne suis pas fait pour ça ! »

Lou sourit sous sa couette. Oui, le moins qu’on puisse dire, c’était que son père n’était pas politiquement correct. Il se détendit et le laissa râler sur la presse et ses aléas, souriant par moments à ses coups de gueule. Il ne s’endormit pas, profitant du bruit, pour une fois. Il se surprit à être soulagé que ce soit Kirk qui aie choisi de rester pour s’occuper de lui. Sans doute que ses mères lui auraient chanté une berceuse pour le faire se rendormir, et Jude l’aurait installé devant la télé avec lui jusqu’à ce qu’il s’endorme. Mais ce dont il avait besoin à cet instant précis, c’était exactement ce que lui donnait Kirk : une présence, une voix familière, une atmosphère rassurante.

Quand, bien des années plus tard, ce fut son propre tour de s’occuper de gamins malades, Lou se remémora la méthode de son père. Ainsi, plus d’une fois, il fut là, à simplement parler à une petite fiévreuse ou un adolescent pâlichon. Ainsi, quand il dût s’occuper de celui qui allait devenir en quelque sorte son fils, avant d’être vraiment son Enfant, tout naturellement, quand le manque le terrassait, quand la douleur de la drogue qui disparaissait le faisait se tordre, Lou était là, une main rassurante et une voix calme, à raconter des petits riens, pas forcément intéressants, mais néanmoins remplis de sens : chaque mot voulait dire Je suis là, tu n’es pas seul, je m’occupe de toi. Et c’était là une des plus belles choses que son père lui aie légué.

FIN.

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